Entre courtoisie et conscience
S’il y a une qualité de savoir vivre, c’est bien celle-ci. Il y a des manières, des façons de s’adresser à des personnes. Nous ne sommes pas des bêtes, mais des entités intelligentes qui utilisent leur matière grise pour vivre en société. Alors s’il existe une activité d’usage bien particulière dans la conception des bâtiments, c’est bien celle de recevoir des personnes.
Lorsque je croise quelqu’un sur un chemin de randonnée, il y a souvent un petit “bonjour” qui ressort de l’un ou l’autre des passants. Et bien souvent une réaction, un retour agréable de la part de celui qui reçoit cette salutation. Finalement, peu importe le sens et la priorité. Il s’agit d’une qualité spontanée que je m’efforce d’exercer de plus en plus lorsque je croise quelqu’un.
Vous ne connaissez pas forcément la personne, mais vous vous efforcez d’adresser un signal positif à un inconnu. Et pour la personne qui reçoit, cette interaction appelle à une réaction, c’est est un réflexe automatique pour elle, une sorte de contre dons. Ça fonctionne dans de nombreuses langues. Personnellement, cela me rassure et je trouve que c’est plutôt bon signe. Il y a ce contact visuel, ce signal qui fait de vous un vrai être humain : je te vois, tu me vois, on se côtoie…
Ce genre d’expérience n’est pourtant pas naturel pour tout le monde. Il y a et il y aura toujours des personnes qui ne seront pas d’accord avec certains principes, c’est statistique. D’ailleurs dans de nombreux cas, nous devons prouver que nous sommes bien constitués de chair et d’os, notamment sur cet outil qu’est Internet. Cela parait tout de même un peu absurde, mais pourtant très réel. Vous trouvez un truc intéressant ? Alors vous êtes contraint de prouver votre valeur…
Vivre en collectif
Selon le proverbe, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, est-ce vrai ? Je ne sais pas.
En tout cas, recevoir quelqu’un chez soi, c’est aussi s’accorder sur des variables communes, étant donné qu’une relation de partage se constitue. Il est nécessaire d’être en mesure de s’entendre sur les envies de chacun, pour la plus grande équité possible.
C’est aussi pour l’invité une manière d’accepter les habitudes de l’hôte. Cela fonctionne dans les deux sens, car on a tous nos petits trucs, des us et passes-temps, des processus de fonctionnement particulier.
Lorsque l’on arrive pour la première fois chez quelqu’un, on se retrouve dans un nouvel environnement, encore inconnu. Cela peut entraîner une sensation d’inconfort car il y a des dispositions, des volumes où les équipements différents. Cela traduit nécessairement des coutumes ou des manières d’agir forcément éloignées de ce dont vous avez l’habitude chez vous. Où du moins nous savons que ça ne se passera pas comme on le ferait traditionnellement.
Personnellement, je ne pense pas qu’il existe un ouvrage exhaustif des bonnes manières car bien souvent, les relations se construisent en fonction des différentes cultures où l’on se trouve. Elles évoluent en général en fonction des modes. Mais si quelque chose ne vous convenait pas, encore faut-il savoir en parler. On peut certainement citer les manuels du savoir vivre, celui de la Comtesse de Boissieux par exemple. Cette Dame de grande famille nous dit ceci :
Les distinctions sociales existent cependant et existeront toujours, mais elles subissent des fluctuations tellement inattendues, des déplacements de situations si rapides, que la nécessité se fait sentir, de se tenir constamment prêt sinon à occuper une situation supérieure à celle où l’on se trouve, du moins à être mis en contact avec des gens qui seraient justement choqués d’un manque d’usage.
De même, en effet, que nul citoyen ne peut arguer d’ignorance en ce qui touche au code de nos lois, de même aucun membre de la société, telle qu’elle tend à se constituer, ne peut s’excuser d’un manque de savoir-vivre en prétextant qu’il ne connaît pas les usages.
— Vous avez parfaitement raison, Madame, mais comment voulez-vous que l’ouvrier, le cultivateur, voire même l’honnête habitant d’une petite ville, sache de quelle façon il doit se comporter dans le monde, lui qui n’a pas eu le temps, ni l’occasion, ni peut-être même la volonté d’y être introduit ?
— Ce que la pratique lui refuse, il peut l’acquérir par la lecture, par l’étude; les traités sur cette matière sont nombreux.
Si comme moi, vous aimez recevoir des gens chez vous, et si vous souhaitez qu’ils reviennent, alors l’accueil est donc une chose très importante.
Accueillir chez soi
Lorsqu’on reçoit quelqu’un, l’invité n’a souvent pas le choix, il entre dans un lieu qui ne lui appartient pas. Autant qu’il s’y sente bien, à son aise pour ne pas dégrader certains sentiments qu’il éprouve vis-à-vis de cette connexion. Il semble tout de même y avoir une certaine tolérance relationnelle dans ce genre de situation. Vous voyez quelque chose qui vous intrigue alors c’est l’occasion d’en débattre !
Par exemple, lorsque vous allez au cinéma. Il y a un hall, puis l’accueil et souvent une file d’attente au niveau des caisses. Vous devez faire avec, impossible de déplacer des meubles comme ça sans raison. Impossible de décoller des affiches ou de doubler la file sans demander l’accord au gérant ou aux autres personnes déjà présentes. Ça serait vraiment déplacé, les autres vous regarderaient indubitablement de travers.
Si je ne suis pas chez moi, je suis potentiellement chez quelqu’un d’autre, alors autant aborder la chose avec respect, être dans une relation de partage.
C’est dans cet exercice de la vigie que je vois la prolongation de cette équanimité intérieure qui nous anime. Je ne le pensais pas au début, mais cet exercice prend une part toute particulière dans la conception de notre environnement.
Si vous décidez d’accueillir une personne chez vous, cette personne doit venir seule en général. Mais on peut s’attendre à ce qu’elle soit éventuellement accompagnée d’une personne, rarement plus. Vous n’apportez pas cinq inconnus à l’improviste sans prévenir, ça ne se fait pas. Sauf si vous pensez à prévenir. De cette façon, il est possible d’organiser au mieux l’événement. S’il faut penser à rapporter de la nourriture, des boissons ou même du mobilier, c’est quand même plus sympa si tout le monde est rassasié à la fin d’un repas ou d’un buffet, il s’agit d’un besoin physiologique.
Cela me rappelle ma jeunesse où l’on prévoyait des cartons d’invitation à l’occasion d’événements spéciaux. On avait le droit à quelques amis pour un goûter d’anniversaire…
Dans certains cas, les projets qui se concrétisent ne se passe pas comme on l’avait prévu.
Quelqu’un qui se rajoute à l’improviste, un oubli ou un aléa… Mis devant le fait accomplit, on peut-être contrarié, puis on finit par accepter. Car malgré nous, ce choix nous est imposé. Et puis, ce petit détail ne met pas fin à toute l’organisation, une certaine tolérance s’installe, une accoutumance. Et franchement, à la fin, c’est l’occasion de raconter des anecdotes.
Cela est dû au cadre qu’on se fixe dans un projet, forcément s’il est trop restrictif, il n’y plus de liberté, et s’il est trop ouvert, il n’y a plus de projet. Il faut donc trouver un juste milieu.
Parler à tout le monde
Je fais le constat que lorsqu’il y a un groupe de personnes, ça peut commencer à partir de 6, mais c’est aussi valable pour 4 personnes, il y a souvent des cacophonies, des dialogues entrecroisés, c’est bien normal.
Lors d’une assemblée de 4 personnes, il n’y a aucun mal à ce que deux personnes parlent du dernier sèche-cheveux de chez “bidule”, et que les deux autres discutent du dernier voyage dans les Pyrénées. Ces discussions s’entremêlent, on doit prêter une oreille particulièrement attentive pour entendre ou se faire entendre. Impossible de participer aux deux sujets en même temps, faites l’expérience. Vous faites donc le choix en général du sujet qui vous préoccupe ou de celui qui vous intéresse le plus.
Pourquoi cela ? Je ne sais pas… Mais on peut toujours en débattre.
Et chacun aura un point de vue différent.
Ma compagne, professeure des écoles, me raconte souvent ses interactions avec ses élèves. J’avoue y voir une source d’inspiration. Je me souviens de l’histoire de ce petit garçon, un élève assez agité qui n’a pas la même relation avec différents professeurs. L’attention qui lui est portée est différente selon les enseignants. Cela entraîne un changement d’attitude chez l’enfant : il peut être très agité avec certains et avec d’autres non.
Le professeur, est une icône, un modèle pour ces enfants. C’est bien normal, l’humain est comme tous les autres êtres vivants, un animal mimétique…Nous y reviendrons sûrement…
Le fait d’admirer quelqu’un pour un travail ne fait pas forcément de lui un gourou qui aurait réponse à tout. Pourtant, mettre le doigt sur une erreur, telle qu’une retenue dans un calcul, peut permettre un déclic déverrouillant de nombres choses. Si on peut y reconnaître des vérités scientifiques. Cela ne fait pas non plus de moi un prêcheur de vérité. L’erreur est humaine forcément. Un diffuseur d’idée peut-être.
Des cercles de relations
Autour de nous, nous avons tous un ou des cercles plus ou moins éloignés, des proches ou des amis qui nous entourent, des connaissances physiques ou virtuelles, ponctuelles ou prennes. Des gens sympathiques en qui nous portons une certaine confiance. Vous savez ce qu’ils valent et vous prêtez une attention toute particulière à leurs gestes à leurs intentions, car ils vous apportent, une bonne dose de sociabilité.
Elles vous portent vers des moments agréable. C’est ancré dans notre culture, c’est ainsi ! Il n’y a pas à chercher plus loin. Comme on dit, elle nous le rend bien.
Entre ces personnes qui s’entendent, il y a des liens de connexion. C’est probablement ce qu’on décèle lorsqu’on parle d’être sur la même longueur d’onde. Ressasser le passé, partir loin, critiquer les agissements des autres. Effectivement avec des si, on referait le monde plusieurs fois. Dans certains cas exprimer son ressentis, ça fait souvent du bien.
Cependant, certaines relations peuvent se complexifier voire s’altérer lorsque certaines limites sont franchies. Cela peut-être le cas notamment lorsqu’il y a une implication financière.
Des sources de tensions floues
Une situation peut-être inégale pour chacun des partis, mais équitable pour l’ensemble des partisans. En effet, vous organisez une cagnotte que vous souhaitez la plus juste possible, Alors, en fonction des richesses, vous êtes soucieux de cet aspect ou chacun place ce qu’il souhaite, mais dans la limite de ses propres capacités (avec un plancher minimum par exemple, mais sans plafond). Le total sera donc une répartition inégale d’un pécule, mais dans un fonctionnement équitable pour chacun. Dans ce cas, il faut savoir accepter l’inégalité, car porter un jugement sur un concept voudrait signifier qu’il y a un déphasage par rapport à l’idée qu’on s’était fixée au départ.
C’est en quelque sorte la notion de “prix libre” qui est évoqué ici. Vous n’êtes pas contraint de mettre un gros billet, mais vous mettez quand même quelque chose dans la boite. Et si vous êtes respectueux envers les gens qui ont le courage d’instaurer un tel tarif, alors vous mettez quelque chose en fonction de vos moyens et à hauteur de ce que vous estimez consommer le plus justement. Pourtant, il est évident que le suivant ne mettra pas la même somme que vous.
Mais finalement, peu importe, ce sont les règles, elles sont comme ça. Une étude à montrée qu’en indiquant un coût de revient au consommateur, celui-ci sera prêt à mettre plus. L’objectif, dans ce cas est finalement de rentrer dans les frais de fonctionnement.
Et puis, nous connaissons forcément des personnes dont nous souhaitons le bien-être et le bonheur, alors est-ce que le fait de donner un simple conseil doit-être payant ? Je ne crois pas. Mais peut-être qu’elle ne sont tout simplement pas intéressées. Il faut aussi savoir maîtriser cela, et croyez moi, dans la vraie vie, c’est loin d’être évident.
Vivre selon ses moyens
Pourtant, chacun sait que le travail doit permettre de bien vivre. Alors, finalement, je ne sais pas s’il y a une relation possible entre le travail et le salaire perçu. Car la qualité d’une relation dépasse certaine limites.
En discutant avec des clients pour qui je travaille, je réalise qu’ils sont réceptifs à un discours à un état d’esprit. Pourtant, lorsque je leur parle de changement d’habitudes, ils n’ont finalement pas envie de changer, c’est ainsi, je ne peux pas leur imposer.
Faut-il alors vivre dans l’indifférence la plus totale ou leur proposer des solutions ?
La barrière des langues peut-être contournable par des gestes. Je me rappelle d’un de mes voyages en Europe centrale. Nous nous déplacions en train et nous étions incapables d’interagir avec le contrôleur, on ne se comprenais pas. Mais simplement avec des gestes, nous avons réussi à réserver une cabine pour passer la nuit dans ce train. Cette interaction, ce souvenir de quelques secondes restera dans ma mémoire.
Finalement, ce n’est que dans la mise à disposition d’expériences que nous pouvons les amener à plus de compréhension. C’est ce que proposa Juan Mann en 2004 avec une campagne contre la solitude. Puis, ce mouvement c’est propagé dans le monde entier.
Il ne faut pas se leurrer, accueillir tout le monde n’est probablement pas possible, quoique, je pense que ça dépend où ?
Personnellement, j’ai récemment aménagé un petit camion, il n’a que 3 places pour rouler, 2 places pour dormir, et on peut confortablement prendre un petit-déjeuner avec 4 places assises à l’intérieur. Probablement plus si on complète avec des chaises à l’extérieur. Forcément, il faut s’accorder au départ sur les possibilités offertes. Mais à deux, cela nous permet de vivre des expériences que je n’aurai jamais vécues sans celui-ci.