Le casse tête des extensions
Construire un refuge dans la montagne. Bâtir une tiny house où une yourte pour accueillir des invités. Faire des cabanes dans les bois ou habiter un dôme géodésique. De nombreux ouvrages de bâtiment sont considérés dans la réglementation thermique dans la catégorie des extensions. Ces constructions légères se destinent principalement à l’habitat et sont parfois érigées pour des temporalités différentes. C’est donc un sujet qui ne ne peux pas faire l’objet de négligences vis-à-vis des phénomènes énergétiques.
Notre industrie automobile, débordant d’imagination s’est également saisie de ses problématiques. Cela pour vous proposer des caravanes ou des camions aménagés toujours plus extravagant les uns que les autres. Ils sont aussi considérés comme des espaces habitables. Mais en plus, ils roulent et peuvent être déplacés.
Voyons pourquoi la règlementation thermique intègre très mal ces enjeux, et passe à côté de solutions évidentes.
A partir du moment où il y a une construction d’une surface supérieure à 20m². Vous devez produire un permis de construire à déposer en mairie. Les extensions sont aussi incluses dans ces démarches. Sauf que si votre projet est inférieur à ces 20 m², vous pouvez vous contenter d’une attestation préalable.
Pourtant, ce n’est pas parce que vous possédez une surface de 19 m² que votre besoin en énergie sera drastiquement éloigné si vous avez 1 m² de plus !
Toutes les constructions sont différentes, pourtant, elles évoluent en suivant les mêmes principes. Voyons comment des complications administratives surviennent et nous conduisent à des erreurs d’appréciation sur le fonctionnement de l’énergie.
Il faut tout de même faire la distinction entre les volumes plus ou moins étanche à l’air. Ainsi, on sortira de ces réflexions sur les petites surfaces, les toiles de tente ou autre chapiteau. Simplement, car ils assurent plus des fonctions d’habitat ultra léger ou de process différents.
Que dit la réglementation thermique
La réglementation thermique pour les bâtiments existant date de 2007, et il n’y avait pas d’attestation thermique à l’époque. Le volet qui nous concerne à vu ses exigences augmentées en 2017. Les attestations thermiques sont apparues avec la RT2012 pour les bâtiments neufs et les extensions.
Par principe, une extension est un bâtiment neuf qui s’ajoute à un bâtiment existant. Selon ces règles, les bâtiments neuf ont des objectifs et des contraintes différentes des bâtiments rénovés. Donc l’étude réglementaire d’une extension ne peut pas se faire sur l’ensemble de l’ouvrage, elle s’arrête à la jonction des deux parties. Je pense qu’il faut préciser cela pour bien saisir la suite.
Les extensions supérieures à une certaine surface (>50m²) doivent faire l’objet d’une étude thermique réglementaire (étude thermique pour les bâtiments neuf RT12 ou RE20 en passant par un BET). Or, pour ces cas, les exigences à respecter ne sont pas exactement les mêmes que pour un bâtiment neuf. Les extensions peuvent respecter qu’une petite partie des objectifs du neuf (Bbio, et exigences de moyens…). Il s’agit donc pour l’étude de ces extensions, d’un cas particulier de la RT2012.
Finalement, pour les extensions inférieures à 50 m² ou pour les petites habitations, la méthode RT2012 renvoie aux règles de 2017 pour les constructions existantes. Et donc, dans le cas de ces petites surface, c’est bien le volet élément par élément qui s’applique.
Dans ce genre de cas, il n’y a pas forcément de calcul à réaliser. Pour prouver une conformité, vous avez juste besoin de vos données administratives : adresse et cadastre, éventuellement une surface, mais guère plus pour éditer l’attestation thermique.
Cette norme demande de respecter simplement des caractéristiques minimales sur des éléments installés ou remplacés. Cela concerne des exigences sur l’enveloppe du bâti avec les parois, les fenêtres, mais également sur les équipements (chauffage, ventilation, ECS, etc…).
Vous avez normalement toutes les informations dans le tableau fourni sur l’attestation. La fiche d’information de l’ADEME résume ces exigences. Quand on y pense, ça parait quand même surréaliste de faire appel à un BET, juste pour vous fournir un tableau de valeur.
Et vous trouvez que ça fonctionne bien ?
Si je vous demande de sauter par la fenêtre, ce n’est pas forcément une information très intelligente et probablement que vous n’allez pas le faire. Vous faites preuve de discernement par rapport à une situation que vous estimez ubuesque et qui ne se produirais pas dans la vraie vie.
Avec les réglementations, c’est pareil.
Soit disant, un papier vous donne une conformité réglementaire. Alors vous pouvez tout à fait vous considéré dans les clous, et vous aurez parfaitement raison.
Mais dans ce genre d’attestation administrative, rien ne vous informe sur le fonctionnement de l’énergie. Et ce n’est pas parce qu’on exige de votre projet qu’il soit isolé, qu’il fonctionnera bien et en accord avec ce que vous avez souhaité.
Dans ces attestations, rien ne permet d’analyser correctement une situation du point de vue de l’efficacité énergétique. Et ce n’est certainement pas un instructeur de permis de construire qui vous dira le contraire. J’imagine que leur analyse de la thermique du bâti se concentre sur la présence ou non de ce papier et refuse le dossier le cas échéant. C’est déjà très bien au moins on peut compter sur des administrateurs qui font leur travail. Ces personnes sont je pense déjà sollicitées de toute part sur de très larges questions. Et elles n’ont pas forcément de temps à perdre à réfléchir à la bonne concordance des phénomènes.
Mais ce n’est pas parce qu’on ne voit pas où se situe un problème qu’il n’y en a pas. Je reste persuadé que pour trouver des solutions efficaces, c’est dans l’approche et l’attention que tout ce joue.
Pourquoi la RT ne s’applique pas aux petites surfaces
En fait la raison est assez simple.
Les critères d’évaluations des consommations d’énergie dans la RT s’expriment par des ratios en kWh/m². Il y a notamment le CEP qui signifie la consommation en énergie primaire par mètre carré de la surface de référence du projet. Il y a donc une consommation d’énergie rapportée à la surface, celle du bâtiment étudié. Les seuils sont aussi exprimés par des ratios en m². Et il n’est pas possible de faire autrement (du moins pour l’instant).
Or, dans une division, plus vous diminuez le dénominateur, et plus votre résultat augmente. Et donc votre consommation augmente, la difficulté d’obtenir une conformité est accrue.
Il y a bien une modulation des seuils suivant la surface, mais elle n’a plus d’impact lorsqu’on passe en dessous des 50 m².
La consommation d’énergie n’est pas proportionnelle à la surface, mais au besoin de chauffage. En quelque sorte, plus vous réduisez votre surface plus votre analyse manquera de précision en se basant sur ces calculs.
Pour comparer les bâtiments entre eux sur un pied d’égalité et notamment pour évaluer la performance énergétique des bâtiments, il n’est pas possible d’utiliser des valeurs absolues puisque cela reviendrait à contraindre l’utilisation et l’usage. Cela pourrait s’apparenter en quelque sorte à imposer un fonctionnement, et donc serait considéré comme contraire aux principes de notre chère démocratie.
En conclusion, il n’est pas possible de se prononcer sur l’efficacité d’un fonctionnement, sans savoir comment il est constitué et comment il doit fonctionner correctement.
Comment cela introduit des incompréhensions
À chaque fois que l’on m’interroge sur ces points, je me tourne vers ces règles qui fixent les choses. Je ne parle pas des projets tirés au couteau à 49,99 m², ou composés de plusieurs extensions pour éviter de se soumettre à une réglementation.
Appliquer une méthode différente en fonction des tailles demande de se re-pencher à chaque fois sur les règles et de vérifier les chiffres. Cela introduit des fractionnements selon la taille des bâtiments ne participe pas à la bonne cohérence des phénomènes. En effet, l’énergie fonctionne de la même façon, peut importe la surface habitable. Au final, cela complexifie les temps d’analyse et rend difficile l’appréhension de ce qu’il est possible de faire avec l’énergie.
« Si tu as ça : alors tu appliques ça, sinon tu appliques ça, et si tu as ceci ou bien cela : alors tu appliques ça… »
Enfin, n’oublions pas les occurrences particulières qui ne rentre pas dans les cases de l’administration :
« A oui, il fallait le dire, dans ces conditions, tu appliques ça, et puis tu transmets avec un justificatif… etc. »
Vous pouvez penser que réduire le volume introduira des petites consommations. Effectivement, c’est vrai. Mais lorsque l’on estime la performance avec ces méthodes traditionnelles, le ratio de consommation augmente significativement. Et comme, c’est ce ratio que l’on regarde, alors ça ne fonctionne pas…
Bref, des solutions à multiple tiroir, qui sont appliquées par des spécialistes en thermique, qui ne comprennent pas pourquoi en suivant ces règles l’incompréhension populaire augmente. Elles n’ont de sens que pour les instructeurs de permis et qui ne fonctionnent plus dès qu’un problème exotique et inattendu survient.
Cela n’engage pas du tout le chemin de la simplicité ou de la frugalité. Les phénomènes énergétiques sont reliés par l’interaction qu’il y a dans leur fonctionnement. Alors autant se pencher sur le fonctionnement plutôt que sur une attestation.
Comment faire autrement ?
La complexité de la réglementation thermique ne permet pas d’expliquer simplement un fonctionnement particulier. Il s’agit d’une usine à gaz généraliste qui ne se préoccupe pas du bien-être de l’occupant.
C’est sur le dimensionnement et notamment sur la puissance des installations qu’il est possible de travailler les consommations. La réglementation ne regarde pas ce point (ou très mal). Elle s’occupe uniquement de l’évaluation des consommations d’énergie primaire.
En général sur des petites surfaces, comme vous réduisez le volume, la puissance des installations doit être en bonne concordance avec ce que vous souhaitez. Les petits locaux sont très réactifs, cela implique de savoir comment les piloter pour réduire les consommations, rien de plus.
Vous n’installez pas un poêle de 4kW dans une maison de 20 m² ! Ou alors, c’est que vous aimez bien ouvrir vos fenêtres juste après avoir préparer le feu. Cela dit en passant, ce ne sera certainement pas très efficace comme solution…
En tout cas, si je peux vous aider dans le dimensionnement de votre installation, n’hésitez pas à me contacter. Je ne m’arrête pas à des impossibilités techniques liées aux réglementations thermiques, je m’en accoutume.