La carte du chapiteau !

Le chapiteau, cet édifice parfois éphémère et aussi simple qu’une toile tendue entre deux-mâts nécessite-t-elle de vous faire un dessin ?

Pour percevoir l’envers du décor, ne faut-il pas reconnaître la difficulté que propose toute cette infrastructure ? Bien loin de nos études standardisés, est-ce que l’idée du sensationnel doit-elle constamment faire preuve d’une convention ? Comment prouver sa valeur aujourd’hui lorsque le cadre de l’écran prends plus de sens que celui de votre ressenti ?

Chapiteau rouge et jaune

Tout le monde ne souhaite pas devenir organisateur, artiste ou passer derrière le micro de Monsieur Loyal. Pourtant, j’ose penser que nous aimons tous nous laisser porter par la magie du spectacle.

Organiser une soirée concert, un cabaret, un bal ou un anniversaire privé, monter une école éphémère, autant de situations qui nécessitent souvent un peu de créativité. Laisseriez-vous cette programmation à n’importe qui ? Lorsqu’il est question de relationnel, peut-on faire l’impasse sur la transmission des savoirs ou sur la propriété intellectuelle ? Certains tours auraient ils la même saveur s’ils vous étaient révélés ?

Dans la subjectivité de notre intérieure, il est parfois difficile de concevoir certaines notions spatio-temporelles, celles qui nous entourent et forgent nos parcours.

Un vrai magicien ne dévoile jamais ses propres tours, alors pourquoi cet article ?

Éphémère et unique

Si nous ne pouvons prédire l’avenir, l’espoir de la compréhension que les sensations vous procurent laisse entrevoir la possibilité des configurations envisageables. En prenant comme repère l’évolution des phénomènes vivant, ses réactions et ses interactions. Celles que nous avons apprises dans des environnements fermés, vous pouvez acquérir certains éléments de compréhension de notre univers. Des ordres de grandeurs qui vous conduisent à la philosophie en vous permettant d’affiner vos pistes de réflexion.

Puisque l’ambiance intime n’est pas vraiment quelque chose de mesurable, après tout, vous êtes la seule personne qui puisse l’intégrer correctement. Il est bon de connaître la situation dans laquelle vous vous trouvez. Car si vous n’êtes pas dedans, vous ne pouvez percevoir ce qui s’y passe.

Clown de chapiteau

Pouvez-vous la décrire avec les mots les plus simples ? Êtes vous spectateur ou Artiste ? Organisateur ou simple barrière ? Et oui, il faut de tout pour faire un monde !

C’est donc à travers la mesure et l’observation qu’il est possible d’acquérir des situations des plus réalistes. Autant que celles qui vous procurent un peu de bonheur puissent perdurer encore longtemps.

Dans ce cadre, je pense qu’il est bon de rappeler certains fonctionnements de notre environnement. Ainsi, reconnaître que l’atmosphère dépend de ce que vous apportez peut aussi donner l’impression de savoir à l’avance ce qui va se produire. Et donc anticiper certains effets, des secrets bien gardés qui donne du sens à une aventure.

Vous y croyez vraiment ?

Quand nous devons chauffer un chapiteau, nous ne le faisons pas vraiment pour réduire les consommations…

Détermination du monde vivant

Un chapiteau, ça s’édifie presque n’importe où. Un terrain de foot, un champ à la campagne, une place de village. Même si c’est programmé en amont, il n’y a souvent rien de fixé à l’avance. Lorsque vous découvrez le terrain, c’est souvent à la jugeote que ça se passe.

Bon, on le met là.
OK on y vas !

Quelques mesures au décamètre, un coup de peinture au sol pour positionner les mats. Et hop, c’est parti. Un peu de main d’œuvre est souvent bienvenu pour aider à planter ces quelques pinces. Mais quel spectacle, quelle énergie !

Planter un chap, ça ne s’improvise pas. Une journée de montage, parfois plus. La toile se hisse. Évidement, ça demande du matos, beaucoup de matos. Un camion, une remorque, des gradins, une piste, un bar (très important), des loges pour les artistes, une régie son et lumière… Bref, un peu de technique pour passer un bon moment, mais croyez-moi, l’aventure en vaut la peine.

Quelques bâches de tour pour compléter cette configuration. Un côté ouvert sur une ambiance guinguette ou totalement clos pour un gala. He oui, les bâches sont opaques dans un chapiteau. Nous ne pouvons voir à travers, et pour cause. Il ne vous viendrait pas à l’idée de filouter des saltimbanques, là où la sobriété est la reine, c’est dans la démonstration des effets incompressibles. Un peu de considération pour cette organisation est toujours la bienvenue.

L’entrée intrinsèque et individuelle

Quelque soit vos goûts, quelque soit votre affinité avec notre monde vivant, vous y passerez une belle soirée. Parce que sous un chapiteau, la magie opère.

Il est évident que lorsque vous allez au spectacle, rien n’est improvisé, tout est prévu à l’avance, tout est organisé. À commencé par l’accueil du public. Car des spectateurs conquis, ce sont des représentations supplémentaires. Et donc un business potentiellement florissant.

Une petite déco sympa, une ambiance féerique avec ces quelques fleurs, un comptoir à paillette ou divers lampions de couleurs. Vous voilà déjà porté dans l’ambiance. Une belle table équipée de son napperon, quelques épis de blé combleront votre plaisir, juste le temps que les spectateurs prennent place.

Les artistes que je côtoie autour de moi sont des gens simples qui n’ont pas besoin qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. Ils font ce qu’ils ont toujours fait. C’est-à-dire délivrer des prestations permettant d’apporter du plaisir et de passer des bons moments. Ils gèrent leurs temps et maîtrisent leurs espaces. Ils font toutes ces choses spectaculaires que vous ne pouvez reproduire, car ce n’est pas votre spécialité.

Rassurez-vous, si vous vous entraînez aussi, vous pourrez effectivement refaire certains tours comme ils le font. Car lorsque l’impossible est imperceptible, alors j’ose penser que c’est l’imaginaire qui prends le dessus.

Dans le monde que je connais, nous pouvons tout à fait nous accorder sur ce qui sort de l’ordinaire. Lorsque c’est impressionnant, il faut reconnaître que ce n’est pas forcément lié à la durée d’une représentation. D’ailleurs, c’est aussi pour ça que vous êtes venu, pour en avoir pour votre argent.

Si vous acceptez le fait que derrière l’ensemble de l’information qui se dégage de votre écran tout doit être gratuit, il est fort probable que vous n’ayez pas toutes les clés pour comprendre certaines situations. Il est donc normale qu’aujourd’hui les artistes s’appauvrissent et que l’ambiance devienne maussade. C’est à se demander ce qui inspire l’ennui, l’écran ou l’interaction que l’on peut y trouver.

Respectez la jauge !

Si c’est complet, pas la peine de forcer. Attendez votre tour !

Or, lorsque nous évoquons les ordres de grandeur, nous ne sommes pas à un ou deux spectateurs près. D’autant plus que dans des gradins, il n’y a pas forcément de place réservée. Vous vous posez là où il y a de la place. Attention, souvent, ce sont les meilleures qui partent en premier, face à la scène, la vue bien dégagée, sans être obstruée par la technique.

Alors que dans un chapiteau, la piste est en général circulaire pour que tout le monde puisse bien voir. Et comme les places ne sont pas numérotés, nous pouvons aussi nous serrer. En fonction de l’espace qu’occupe votre popotin, ce sera plus ou moins confortable, c’est à vous de choisir. Il est certain qu’il y a des shows où pour être sûr d’avoir une place, il faut réserver bien avant l’heure.

Chapiteau intérieur

Alors pourquoi cela se produit-il ?

Il y a dans la communication des êtres civilisés, des choses qui ne s’inventent pas. Des éléments qui permettent de vous forger un avis sur la question avant même de savoir de quoi il s’agit. Les gens discutent, ils parlent de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont apprécié de ce qu’ils ont moins aimé. Les spectateurs du monde que je connais, papotent et commentent, ils ne reproduisent pas. Ils vous disent d’aller tenter vous-même cette expérience unique.

Une chance lorsqu’il s’agit de provoquer l’illusion et l’inattendu. Comme sur ce petit écran. Car si c’est facilement reproductible, pourriez-vous le faire à votre tour, pourriez-vous le montrer à vos amis, à vos collègues à votre famille ? Auriez-vous le cran de relever un peu le niveau de toute cette connerie qui se diffuse aujourd’hui ?

Les sorties de secours

Rien de plus facile, soulevez la bâche et vous êtes dehors. Seulement, pour certaines personnes, il est bien évident qu’il faut un plan de sortie. Un BAES (bloc autonome d’éclairage de sécurité) est nécessaire pour vous montrer la porte. Car c’est la loi dans les établissements recevant du public. Sauf que dans un chapiteau, il n’y a pas vraiment de porte, ou alors elle sont bien moles et attachées par des bouts de cordes dont j’ai oublié le nom.

Vous retrouver dans une situation de ce genre n’est pas vraiment celle d’un escape game où pour sortir, il faut passer des heures pour trouver la sortie.

Pour nous satisfaire de chaque situation, avons-nous besoin de nous sentir en sécurité quelque soit l’environnement dans lequel nous nous trouvons ?

Pourtant, lorsque vous êtes dehors, il n’y a pas plus de sortie que ça. Je constate qu’il n’y a jamais d’indication sur ce qu’il faut faire en cas de danger survenant à l’extérieur. C’est évident, mais rien n’est indiqué naturellement sur l’environnement dans lequel nous évoluons. Il est, c’est tout. L’information qui s’y trouve y est pourtant très claire et limpide. De plus, l’extérieur reçoit plus de public que n’importe quel établissement. Et puis, il y a toujours des accidents. Nous ne pouvons pas toujours éviter les catastrophes.

Lorsque vous savez que votre sécurité dépend de ce qui se passe à l’extérieur, vous savez où se trouve la lumière, elle vous rassure. C’est alors votre climat intérieur qui passe au second plan. Il est donc possible finalement de se questionner là-dessus.

C’est donc ça une prise de conscience ! Une redécouverte des mécanismes que l’histoire a érigée. À chaque instant, nous nous étonnons de tous ces systèmes qui s’emboîtent et interagissent. Des détails qui se trouvent-là parce que quelqu’un a dit un jour que c’était la norme, alors c’est comme ça qu’ils doivent être. D’autres disparaîtrons, car quelqu’un a dit que notre confort ne dépendait plus de ces pratiques devenues obsolètes et qu’il était plus économique de faire ainsi.

Surtout si nous voulons le noir complet, parfois, ce point peut être non négociable dans le milieu…

Les numéros s’enchainent

Il y a des numéros qui ne durent que quelques minutes et qui permettent de distinguer certains effets incroyables.

Numéro

Il y a aussi des spectacles qui durent plusieurs jours et qui n’ont pas vraiment de sens comme celui de Jolly Goodfellow allias Rumple. Débarquant avec tous ces gros sacs pour vous faire rire, sa performance réside à passer le plus de temps sur scène. Son record est à 53 heures à priori !

Si vous êtes un artiste par exemple, vous avez appris à jouer d’un instrument de musique, vous pouvez constater que l’instant n’est pas vraiment représentatif de ce que vous savez faire. Pourtant, lorsqu’un inconnu vous demande de vous jouer quelque chose. Si votre répertoire est important, vous pouvez tout à fait vous questionner sur ce que vous allez lui proposer. C’est bien normal, est ce qu’il aime le rock, le classique, le jazz ? Bref, pour que ce soit pertinent, il vous faut peut-être en savoir un petit peu plus.

Mais vous voyez bien qu’il n’y a aucun problème lorsqu’il s’agit de produire du lien autrement qu’avec les outils d’estimations numérique. L’instant est important, car un expert peut dégager une note avec beaucoup d’émotion, mais sans son bagage et sa formation, il n’est rien et ne peut l’exprimer.

Voilà pourquoi nous ne pouvons vous imposer des sensibilités. Elles son propre à l’apprentissage que nous percevons ainsi qu’aux instruments que nous maîtrisons. Elles permettent néanmoins d’interagir avec autre chose que des courbes et des équations compliqués censés représenter la réalité.

Finalement, si l’envie vous prenait de vouloir jouer avec quelqu’un, la meilleure des stratégies serait probablement de l’interroger. Et j’ose penser que ce qui en ressortirait n’en serait que plus impressionnant.

Qui sait ça démarre souvent comme ça les relations humaines, par un imprévu, et ça peux aussi conduire assez loin…

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