L’énergie populaire

Le bal, une culture populaire

Bal extérieur
Les sonneurs animent une fin de corvée au champ vers 1900.

Dans la culture populaire, nombreux sont les moments permettant cette symbiose entre les personnes. Pour peu que nous ayons l’oreille attentive, nous nous émerveillons de cette musique instaurant la joie et la bonne humeur dans l’auditoire.

Quand on parle de musique, il est probablement impossible de séparer cette activité du reste de la société. Donc lorsque la musique traditionnelle s’en va, l’identité populaire s’en va aussi vers cette uniformisation globale et normative.

C’est effectivement en prenant au pied de la lettre ces deux proverbes que nous nous forgeons cette culture commune :

Seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin 
et 
Plus il y a de fou, plus on rit ».

Le rythme musical à quelque chose de commun avec le temps qui s’écoule. Non pas qu’il rend disponibles des rencontres et des dialogues. Mais à travers le chant, la musique permet également de diffuser des histoires.

Les techniques sont nombreuses, une danse en couple ou en ronde, parfois les deux à la fois. À travers le monde et les genres musicaux, les danses n’ont de limites que l’imagination collective.

Le folklore breizhou

À la veille de la Première Guerre mondiale, l’art populaire de la civilisation paysanne Bretonne est à son apogée. Elle joue un rôle majeur dans chaque moment du quotidien. La modernisation de l’agriculture transforme peu à peu les travaux de la ferme. Les occasions de fêtes se font plus rares.

C’est après la guerre, en 1950 que les fest-noz breton sont remis au goût du jour. Ils sont alors la quintessence même de la transmission de valeur. Ils permettent, souvent après une récolte ou un travail aux champs fastidieux une certaine récompense, de rendre le travail moins contraignant en instaurant une ambiance agréable, voir tout simplement de faire passer le temps en faisant oublier les corvées difficiles.

La musique ethnique Bretonne à quelque chose de particulier qui permet cette variation intense et émotionnelle. À travers les variations et les ornementations des instrumentistes, c’est une musique vivante qui se transmet plutôt oralement entre les musiciens, qui ne peut pas être écrite, car elle serait figée. Il faut y aller et se lancer sur la piste de danse.

Comme l’énergie, c’est un flux !

Il y a un dialogue instauré par les musiciens permettant cet échange avec les danseurs. 4 temps, 6 temps, 8 temps… Le rythme est parfois soutenu, et gare au faux pas. L’improvisation est un art qui se pratique et s’acquiert avec l’expérience et l’ampleur du répertoire et du jeu. Elle permet une élévation du niveau musical, et de rendre la musique vivante.

La transe est de cela.

Dans la musique bretonne, il y a le kan ha diskan que l’on peut traduire par « chant et contre-chant » ou « chant et re-chant ». Là où les instruments coûtent une certaine somme chez les paysans, le chant s’impose, car juste à l’aide d’une simple voie, il est possible de faire résonner les percussions, les bignous ou bombarde…

C’est en général un duo, l’un des chanteurs entame une première phrase, l’autre lui répond en reprenant les quelques dernières notes de la première phrase et ainsi de suite.

Il convient a chacun des chanteurs d’adapter les attaques, les rythmes ou les silences pour apporter une certaine vivacité.

Les soeurs goadec
Les sœurs goadec

Il ne s’agit pas de contenter tout le monde, probablement que les goûts musicaux sont aussi différents qu’il y a d’êtres humains sur cette planète.

La révolution des Bagadou

Dans nos institutions actuelles, cela semble évident, mais pourtant, ce n’était pas gagné d’avance.

Les bagads instaurés par Paulig Monjarret, au début des années 1940, sont des orchestres Breton. Ils sont plus qu’un simple ensemble musical, il doit être le lieu privilégié de la transmission, de la propagation et de l’évolution de la culture bretonne. Il s’agit de former des musiciens qui soient les ambassadeurs et des militants culturels.

Jusque dans les années 60, c’est un succès important. Cette nouvelle culture bretonne est largement mise en valeur dans les journaux locaux. Des dizaines de bagadou se crée à travers la Bretagne. Cela se traduit également par une appropriation populaire très net et un accroissement de ces moments festifs.

Les bagads jouent des musiques très lisses très loin des chanteurs paysans. Ces bals prennent de l’ampleur et des manifestations comme les fêtes de Cornouailles ou le festival des cornemuses de Brest (qui sera rebaptisé festival Interceltique à Lorient). Des milliers de jeunes sont emmenés dans la culture Bretonne. C’est une révolution.

Dans les cercles celtiques, des concours sont créés permettant aux anciens de sortir de la danse et de prendre pour la première fois le micro en montant sur scène. Dans le fond de la salle, des danseurs se mettent à danser. Au fur et à mesure, de plus en plus de danseur se manifeste. Si bien qu’à la fin, c’est bien toute la salle qui se met à danser. On ne vient plus payer pour écouter les concours de chanteur, mais on y rentre pour danser.

Des écoles pour apprendre et diffuser la culture

À la fin des années 70, les premières écoles associatives Diwan sont créées, elles permettent d’enseigner cette tradition. Ce terme signifie « germer » en breton. C’est le renouveau de la langue Bretonne.

Ce qu’il est important d’assimiler, c’est que les événements passés sont érigés en tradition. Pourtant, ils évoluent sans cesse, c’est cela qui en fait une culture fondamentale.

Je ne parle pas Breton, mais j’assimile ce récit de façon similaire à la culture énergétique.

A travers la thermique du danseur

De mon point de vue de technicien portant sur l’étude les bâtiments, un bal de ce genre est un regroupement de personne exerçant une activité physique sportive ou artistique.

Dans le cadre d’une conception de bâtiments. Ce sont des événements exceptionnels souvent responsable de surchauffe. Ces événementiels sont par définition moins standards et ne peuvent pas être prévu normalement, car ils sont typiquement imprévisibles.

Le métabolisme est aussi une conséquence du confort thermique.

Comme un sportif de haut niveau, plus le danseur s’active, plus il émet de la chaleur. Les apports métaboliques dégagés par ces sportifs peuvent être assez intenses.

On parle d’une augmentation de la puissance dissipé par dix voir par vingt pour chaque personne dans les cas les plus extrêmes. Ce qui nous amène assez facilement aux alentours de 1 à 1,5 kW de chaleur par danseur.

Festnoz

Dans le cadre d’une réflexion et d’une stratégie énergétique, cela peut poser beaucoup de problèmes, car dans ce cas, nous ne sommes plus les conditions standards d’utilisation et d’occupation de la salle. Nous nous retrouvons assez aisément avec des occupations qui peuvent parfois atteindre dix fois l’occupation standard. En comptabilisant le nombre de personnes, nous arrivons in fine à plusieurs centaines de kW.

Nous savons que cela arrivera, mais dans un cas exceptionnel, il est très difficile de savoir quand. 

Du point de vue technique, il est tout à fait possible de prévoir des systèmes permettant de traiter ce genre de cas. Cependant, nous ne pouvons pas utiliser cet événement comme normal pour le dimensionnement des installations. Sinon, les systèmes serait probablement surdimensionnés, et les coûts très importants.

La conséquence directe

C’est assez flagrant, si vous vous rendez dans ce genre de soirée populaire, dans une salle commune, un palais des congrès, dans un sous-sol de mairie ou même dans un hangar associatif fait de tôles métalliques (même ouvert directement sur l’extérieur). À chaque fois que nous nous trouvons dans ce genre de situation, vous constaterez une évolution notable de la température intérieure.

Il y a cent ans, ce n’était pas un problème, mais à l’heure actuelle, avec des bâtiments isolés. Dans certaines conditions, cela peut poser des problèmes, beaucoup de problèmes.

Il faut donc redéfinir le cadre.

On analyse sur logiciel dynamique ce genre de résultats.

Visualisation de l’échelle sur plusieurs dizaine de jours
La même courbe le jour concerné

Cette courbe représente l’évolution de la température intérieure d’une salle polyvalente, un gros volume soumise à un regroupement de personnes doté d’un métabolisme assez élevé. Nous montons ici jusqu’à 36°C, alors que la salle était à 6°C, ce résultat parle de lui-même.

Le scénario utilisé pour ce calcul considère ici seulement quatre heures de festivité. Pourtant, dans la réalité et selon l’ambiance, la volonté ou l’énergie des musiciens, elles peuvent durer toute la nuit…

Une fois le problème installé, le public à beau ouvrir les fenêtres, les portes, se dévêtir, impossible d’endiguer le problème. La salle et ses ouvertures n’étant en général pas conçu pour faire face à ce genre de situation. En d’autres termes, nous pouvons tendre l’oreille et entendre des plaintes des usagers « qu’il fait chaud ! ». Oui, c’est récurent et ça ne trompe pas, toujours ce constat qui nous fait nous sentir impuissants face à cette situation.

En conclusion

Avec des systèmes techniques conséquents, il est tout à fait possible de traiter ce genre de cas.

Finalement, compte tenu des efforts d’investissement en matériel et en technicité. Évoquer les conséquences et prévoir les effets de ces cas exceptionnels permettent d’engager une discussion et de se satisfaire de cette situation exceptionnelle. Sur ce point, il est nécessaire d’évoquer les conséquences avec le maître de l’ouvrage.

Une seule chose reste possible : allez faire un petit tour dehors à la buvette !

Dans beaucoup de cas, cette situation passe donc en second plan vis-à-vis du moment présent, les sourires et le plaisir que prennent les participants prévalent nettement sur les inconvénients.

C’est alors le moment d’aller prendre une petite collation, mais ça, c’est une autre histoire.

Tel un électrocardiogramme

Il a donc fallu plus de 50 ans d’histoire pour transmettre ces valeurs et d’enseigner la langue. Cette révolution culturelle ne s’est pas faite du jour au lendemain. Je vois comme un parallèle assez intense avec le fonctionnement de l’énergie à notre époque.

Ce pic n’est rien d’autre qu’une analyse précise d’une situation énergétique fictive et provoqué par des personnes prétendant à s’amuser un peu. Tel un électrocardiogramme, il nous rappel que l’énergie évolue dans le temps. Que nous ne sommes petits vis-à-vis de la période difficile que nous traversons.

À l’heure ou j’écris cet article, ces rassemblements sociaux sont à leur plus bas niveau, dû au fait d’une certaine pandémie mondiale.

Pourtant, il est certain que des sessions pirates sont organisées clandestinement dans le fin fond des Monts d’Arrée. Peu de gens sont au courant justement car c’est interdit.

Là ou les festnoz sont source de joie, d’échange et de bonheur, ils nous laissent espérer un avenir meilleur ou nous pourrons à nouveau nous émerveiller et faire rebattre le cœur de nos envies de rencontre.

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