Travailler avec des quantités d’énergie, examiner des conversions, expliquer des transformations, ce n’est pas ce qu’il y a de plus folichon. Pourtant, je suis le premier à admirer l’évolution des coefficients de performances des pompes à chaleur. A baver sur des valeurs impressionnantes des vitrages ou des fenêtres.
Dans nos métiers de techniciens et de concepteurs en bâtiment, il y a des notions compliquées. Des choses impossibles à estimer en se contentant juste d’une simple observation. Pourtant, là où ces études restent longue et fastidieuse pour les équipes sur le terrain, c’est bien dans cette définition du besoin qu’il y a matière à creuser.
Les modèles numériques ne sont jamais parfaits puisqu’ils sortent souvent d’analyses et d’expériences. Nous avons beau rechigner sur nos formules physiques. Elles existent quand même pour vous éclairer sur des estimations, faire des quantitatif, prendre des décisions… Dans les analyses énergétiques des bâtiments, c’est la même chose qui se passe. Est-ce bien utile de rappeler qu’avant de sortir un papier pour la mairie, il doit y avoir des hypothèses de posées, sur le système constructif, sur les épaisseurs de structure, sur la taille des menuiseries…
Bref, tout un tas de chiffre et de formules difficiles à deviner si vous ne savez pas ce que signifie au moins cette lettre grecque : λ (lambda pour les intimes). Dans tous les cas, ces hypothèses fonctionnent et se base sur quelque chose qui existe :
- des plans d’architecte souvent dans le neuf,
- un bâtiment existant avec un relevé de plans, un croquis réalisé à la va-vite…
Ce sont tous ces éléments qui précèdent ce que l’on étudie qui nous permette nous fier à notre orientation.
Quel architecte accepterait de travailler sans connaître le besoin précis du client ? Et même lorsqu’il le connaît, la description par le client reste souvent dans son imaginaire, l’entrevoir demande des qualités de perception et d’interprétation qui vont au-delà de la simple physique élémentaire.
Démarrez par la fin
Voilà une idée intéressante !
Demandez à un client : est-ce que c’est ça que vous souhaitez ?
Dans un raisonnement humain des plus classiques, il n’y aura plus que deux choix : oui ou non.
OK, d’accord… L’exception du joueur de ni oui, ni non, ainsi que les clients qui ne savent pas ce qu’ils demandent, mais peu importe. Il faut aussi savoir les gérer. Si c’est oui, banco ! Si c’est un non ferme, vous pouvez passer votre chemin, il n’y a pas à discuter, ce n’était peut-être pas le bon jour, peut-être qu’il reviendra plus tard sur cette décision. Cependant, il arrive aussi de pouvoir discuter de cette situation : qu’en pensez-vous ? C’est ça être guide.
Il est donc nécessaire de se rendre à l’évidence que dans une collaboration de ce genre, la question posée est évidemment le critère majeur à prendre en compte. Car en fonction du ton employé, en fonction de l’engouement des acteurs, les engagements dans le projet pourront être différents.
Seulement, dans un projet, tout le monde ne peut pas faire n’importe quoi. Lorsqu’il est question des usages à plus grande échelle, il n’est pas possible d’en vouloir à quelqu’un qui ne sait pas ce que signifie ce terme « conventionnel » ou « simulation ». La plus grande des qualités humaines, lorsque vous faites face à quelqu’un qui ne sait pas, serait de lui apprendre ou de lui montrer comment ça marche. Pas de l’enfoncer en ce moquant de lui.
Pourtant, quand on fait face à ce terme, c’est qu’il est déjà incrusté profondément dans notre société. Qu’il sert bien à des domaines, car il y a beaucoup de gens qui en tire de l’intérêt. Est-ce un euphémisme de donner à des instructeurs des dossiers de permis de construire à tamponner. En validant, ils vérifient le fait que tout est en ordre, et que tout à bien été réalisé selon les règles en vigueur. Après tout, c’est leur boulot. Le but d’une étude réglementaire, c’est de fournir des résultats conventionnels, rien de moins.
L’illusion de la maîtrise
Le fonctionnement super rodé de tout ce mécanisme orchestralise toute une chaîne de métiers. Du notaire au banquier, du chauffagiste au client final.
Ces études conventionnelles demandent sans cesse de renseigner des cases dans des outils de calcul. Et comme d’année en année, afin de pouvoir prouver qu’il se passe quelque chose, les pouvoirs en place renforcent ces objectifs. Les analyses deviennent de plus en plus complexes et demandent de renseigner nettement plus de critères. Elles prennent de plus en plus de temps, comme c’est le cas pour cette nouvelle norme environnementale : la RE2020. L’ajout d’un volet carbone se base sur les résultats de l’étude thermique. Puisque personne ne veut être hors-la-loi, alors c’est la course au prix pour vendre ce genre d’étude. La conséquence, on se paye de moins en moins, et pour pouvoir se verser un salaire, il faut en faire de plus en plus.
Je ne compte plus les appels téléphoniques où l’on me demande des audits énergétiques simplement pour obtenir des aides financières. En deux minutes, l’appel est bouclé. Je ne souhaite pas faire ça pour vous orienter dans cette voie sans issue. Non pas qu’elles soient néfastes pour la finalité d’un projet, ça peut se concevoir de vouloir aider financièrement. Mais en continuant à fonctionner de la sorte, la boucle conventionnelle se referme en oubliant que d’autres types de solutions existent aussi.
C’est le serpent qui se mord la queue !
Dans ce mécanisme, personne ne s’est demandé ou était le problème. Fournir une analyse à quelques centaines d’euros pour pouvoir délivrer des aides financières pouvant aller jusqu’à 30 000€, ne trouvez vous pas qu’il n’y a pas comme un petit souci ?
L’argent n’a pas d’odeur, d’accord, mais ce n’est pas sans compter les gains énergétiques qu’il est possible d’avoir en faisant un peu attention. En regardant bien, combien peuvent coûter ces quelques secondes de réflexion qui permettent de faire d’un seul coup quelques milliers d’euros de gains énergétiques ?
Je n’ai pas de réponse.
La population prise en otage de ces mécanismes ne sais pas vraiment vers ou se tourner puisque pour résoudre ce genre de problèmes, cela demande de s’accorder sur des usages en fonction des capacités mis en œuvre. Dans ce cadre, personne ne vous apprend ce que c’est, personne ne vous montre comment ça fonctionne vraiment sur le terrain.
L’inconscience, fondamentale du low-tech
Je ne suis pas prof, ni enseignant, mais mon métier s’apparente à celui d’un chercheur en sobriété. Je questionne des fonctionnements, j’observe des confrères et leurs méthodes, je cherche des raccourcis pour rendre certaines fonctionnalités plus simples, j’envoie des tuyaux à mon support technique…
En comprenant ces mécanismes, vous sortez du lot et vous redonnez de la valeur à votre travail. Vous vivez mieux, car vous êtes au sommet de l’innovation, vos partenaires vous remercient puisque vous répondez à leurs attentes. Le nouveau problème auquel nous faisons face, c’est que vous devez être identifié comme tel, comme le spécialiste de la discipline.
Se battre pour des valeurs devient une force infinie, pour retourner des situations contre ces fonctionnements devenus obsolètes. Cependant, lorsqu’on donne un avis sur quelque chose qui ne fonctionne pas comme il devrait, il y a toujours une part d’inconscience. On prend le parti d’agir pour aider des situations qui ne nous semblent déplacées. Il n’est pas possible de savoir à l’avance la réaction de l’auditoire.
En vous forgeant votre propre expérience de terrain, vous pouvez alors vérifier par vous-même, si c’est pertinent ou pas.
Certainement, tout ne s’apprend pas instantanément, par exemple, pour apprendre à manipuler un outil de simulation dynamique, il faut du temps. Pour s’accorder sur le fait qu’il n’y a pas vraiment de direction toute faite dans votre cas précis, il faut plus qu’une simple estimation à la louche. Cela demande d’analyser la situation, mais les retombés peuvent être impressionnante et aussi déboucher sur d’autres solutions.
Cependant, il est possible de se rendre compte que la conscience ne fonctionne pas sans une certaine forme d’inconscience. Certes, faire un petit saut dans le vide demande un peu d’audace et de courage. Mais ça vous renforce dans votre idée.
Les solutions, ce n’est pas ce qui manque !
Le but de tout entrepreneur, c’est de grandir. Pour être le meilleur, pour embaucher plus, pour acheter plus de machines, avoir plus de rendement, et finalement pour passer de moins en moins de temps à travailler. C’est exactement comme la guerre du lait dans les années 70. En fixant des conventions sur le prix pour le consommateur, les dés sont jetés à l’avance. Produire plus à prix constants devient un vrai casse-tête.
Si on analyse l’ensemble des solutions techniques permettant de résoudre des problèmes. On se retrouve avec l’ensemble du parc de machine et des équipement. Ainsi que l’ensemble des chaînes énergétiques pour les alimenter. J’adore les mots de Janco parlant de croquette pour machine !
Croire que tout serait possible sans énergie n’est probablement pas possible. J’espère que vous êtes d’accord avec ça, car vous aussi, votre corps d’humain, c’est de l’énergie. Croire qu’on ne peut pas faire autrement reviens à se tirer une balle dans le pied dès le départ.
Cela ne ressemble pas à l’intelligence humaine que je connais. Ça ne colle pas avec l’idée que je me fais de l’humain, ni avec l’éducation que j’ai reçue. Soi-disant l’humain serait au-dessus de toute la chaîne alimentaire.
Quel que soit le problème, il sera toujours possible de trouver des solutions moins énergivores. Tout simplement, car lorsqu’on cherche à caractériser l’énergie, à la mesurer. C’est là qu’on se retrouve avec cette idée qu’on aurait pu faire moins cher.
Le four à pain solaire de chez Solar-Fire est simplement une idée de génie ! Le récupérateur de chaleur sur les fumés de chez Poujoulat, c’est aussi une excellente idée.
Et lorsque vous savez comment résoudre les problèmes d’excès de chaleur à l’intérieur des locaux. Alors, vous savez qu’il est possible de faire autrement que de subir et rouspéter sur cette clim qui ne refroidit pas comme vous le souhaitez. Vous avez la maîtrise de votre environnement proche. Vous savez qu’il y a quelque chose au-dessus de vous, une certaine inertie à prendre en compte dans vos solutions.
Ceux qui accepterons ces tolérances dans les années à venir seront les nouveaux boss de la race humaine. Le point essentiel, c’est de faire émerger en vous ce petit engouement d’espoir qui permet de raviver cette flamme.
Voilà pourquoi j’ai des étoiles dans les yeux en écriant cet article. Il n’est tout simplement pas possible de découvrir ce que l’on trouvera demain, mais en comprenant les règles en place, vous avez le pouvoir d’agir concrètement dans le vrai monde, ou de demander aux experts qui savent plus de choses que vous.